Pourquoi présence d'amnésie ou absence d'amnésie?

Bonjour
Quelqu'un aurait-il une explication au fait que certains d'entre nous victimes, soient amnésiques dû aux traumatismes et d'autres s'en souviennent parfaitement?

Bonne question ... je suis amnésique, j'ai d'ailleurs une très mauvaise mémoire, je ne fabrique pas de souvenirs (pourtant j'avais une excellente mémoire pour mes cours et au boulot aussi je peux compter sur ma mémoire de travail). Ma psy me dit qu'il s'agit d'un mécanisme de survie, comme la dissociation qui ne touche pas non plus toutes les victimes.

Effectivement, c'est un mécanisme de survie, l'amnésie traumatique, mais comment se fait-il que certains le développe, et d'autres pas? Pourquoi par exemple Séverine se souvient, tandis que Flavie Flament aussi n'est sortie de l'amnésie qu'à 39 ans.
En plus pour un fait arrivé à l'âge de 13ans!!! Age auquel on se souvient, pourquoi Séverine par exemple n'a pas eu ce mécanisme qui s'est déclenché?
Moi j'ai conservé une tonne de souvenirs de mon enfance, je me souviens de beaucoup plus de choses que mes frères, et mes différents thérapeutes m'ont déjà dit "c'est impressionnant ce que vous avez conservé en mémoire". C'était avant que "la vraie mémoire" me revienne. J'aurais tendance à dire que j'ai bourré ma mémoire de faits joyeux et malheureux de mon enfance, pour occulter les vrais drames.
En tout cas, on a besoin de plus de 20 ans après la majorité pour pouvoir porter plainte si on en ressent le besoin. Savoir au moins qu'on peut le faire.

Pour participer à la conversation,
Lors de nos discussions, avec mon mari, pour tenter de comprendre, toujours dans le but d'aller mieux, souvent il me parle de cette fameuse amnésie.
Il n'a aucune émotion (ni haine, ni colère) et me voit, moi réagir avec ferveur, concernant son abuseur. Je suis ainsi faite, et je n'ai pas vécu l'inceste.
Il m'exprime que ce manque d’intérêt (en général), de compassion (envers autrui), de réaction (au quotidien ou concernant son inceste et son abuseur), tout ça devrait disparaître s'il arrivait à se souvenir.Il croise ses bras sur sa poitrine et se renfrogne. Il s'énerve et ne comprend pas ses propres réactions. "Je devrais le haïr, me mettre en colère et je n'y arrive pas."
Je suis bien consciente que c'est un mécanisme de survie qui a du se mettre en place dès les premiers abus. Il valait certainement mieux ne plus se souvenir de rien plutôt que d'imprimer les images de l'horreur qu'il devait subir. Se dissocier du corps pour ne rien ressentir.
Il a très peu de souvenirs d'enfance. Ils ne sont liés souvent qu'à des moments stressant et douloureux (qui n'ont rien à voir avec l'inceste). Ce sont des petits accidents de la vie qui ont fait que les adultes se sont occupé de lui, l'ont secouru, soigné. Il y aurait-il un lien de cause à effet ?
L'homme qu'il est devenu, (depuis que je le connais) à toujours été spécialement maladroit. Il trébuche, se cogne. Toujours un peu pataud... Signe du manque d'assurance qui le caractérise.
Je mettais tous mes espoirs dans l'hypnose mais les quelques séances qu'il a suivi ne lui ont pas permit de progresser.
La question reste posée pour moi aussi :
pourquoi certaines victimes se souviennent et pas d'autres ?
Ce n'est que mon avis, tout personnel, mais j'ai le sentiment que ceux qui se souviennent sont plus aptes à combattre. Les mauvais souvenirs doivent donner l'énergie, le ressentiment peut aider à la construction.
Éprouver des émotions c'est quelque chose qu'il se refuse. Bonnes ou mauvaises. C'est pourtant l'essence même de la vie.
Bien à vous,
Sylvie

Ma psy m'a aussi déjà dit quand je lui demandais pourquoi les souvenirs ne reviennent pas maintenant que je sais ... et elle m'a dit que je n'étais pas prête à les affronter.

Paillou,
Effectivement, je pense que pour mon mari c'est le cas.
La route va encore être longue et semée d’embûches mais je veux lui donner toute la force dont je suis capable pour qu'il puisse à son tour y parvenir.
Bien à vous,
Sylvie

J'ai également des problèmes de mémoire depuis petite: Je ne reconnais pas les gens que j'ai déjà croisés/avec qui j'ai déjà discuté, je ne retiens pas grand chose au niveau culture générale (dates, faits, noms...), je n'ai pas beaucoup de souvenirs de mon enfance ou même de ce que j'ai fait la semaine dernière, des conversations: qui a dit quoi, quand... J'ai commencé à me souvenir des viols il y a 2 ans. Ca revient bribe par bribe, et j'avais l'impression que je ne serai "soignée" que lorsque je me souviendrai de tout... Mais j'ai vite compris que je ne pouvais pas encaisser plus que ce qui me revient peu à peu.
Je pense donc aussi, comme vous, qu'on ne se souvient que lorsque c'est possible pour nous de rouvrir la plaie et de l'affronter, peu à peu. D'ailleurs, je n'ai commencé à me souvenir que lorsque j'ai été disponible pour ça dans ma vie! Mais je trouve ça long et frustrant!

Plusieurs professionnel-le-s m'ont dit qu'en plus, si c'est arrivé avant les 4 ans, il y a des chances qu'aucun souvenir clair ne puisse revenir.

On m'a conseillé de faire de l'EMDR. Je n'ai pas encore testé. Vous?

Une psychologue à proposé, à mon mari, lors de sa 1ère séance (à 50€ pas remboursé) une collègue qui pratiquait l'EMDR. Mais elle lui conseillait de d'abord faire quelques séances avec elle pour voir s'il convenait à la méthode EMDR.
Au bout de 5 séances, pas de progrès. 250€ envolés et il n'était plus jamais question de le dirigé vers cette méthode d'EMDR. Pourquoi ???
Les tarifs, dans notre région, varient selon les praticiens entre 90 et 150€ (pas remboursé bien sur).
Si vous en savez plus ... Merci

J'ai relu les mails précédents... Sylvie, pour moi si votre mari ne ressent pas de colère ou de haine, c'est peut-être que, pour accéder à ces sentiments, il faut ouvrir toute la palette des émotions, et la peur avec. Et celle là, je peux vous dire, elle bousille la vie. Elle s'infiltre dans les moindres recoins, de manière directe (peur d'être violée à nouveau) et beaucoup moins directe (nombre de phobies quotidiennes). De mon côté, contrairement à votre mari, j'ai tendance à ressentir énormément les émotions, depuis toujours (Je suis hypersensible... Parfois j'aimerais me reposer un peu de tout ça.) Sauf la colère. Elle commence seulement à arriver dans ma palette d'émotions. Et j'ai peur de la ressentir la colère, car elle ne sort pas que contre mon agresseur, mais en général dans ma vie. Et j'ai peur de ne pas la contrôler, d'être violente dans mes mots, voire dans mes actes (ça, ça concerne mon agresseur). Je ne sais pas si ce que je vis peut faire écho à votre mari...